Du côté des agriculteurs

En 2021, c’est 1.9 millions de tonnes de graines de tournesol qui ont été produites sur 698 000 ha cultivés, permettant à la France de se hisser à la troisième place des plus gros producteurs de tournesols en Europe (derrière l’Ukraine et la Russie). Derrière cette production se cache le travail des agriculteurs.

De la préparation du champ jusqu’à la récolte et le stockage, comment travaillent-ils ?


du coté des agriculteurs description la préparation de semis la récolte et l'entretien

L’itinéraire technique regroupe l’ensemble des actions menées sur une culture, s’enchaînant de manière logique et ordonnée, et permettant de tirer le maximum du potentiel de la culture.

Ces actions vont dépendre des choix de l’agriculteur, ainsi que des conditions de la parcelle et s’inscrivent dans une stratégie raisonnée.

Pour le tournesol, on peut classer ces actions en 3 grandes catégories :

la préparation et le semis, l’entretien et la surveillance et enfin la récolte.


La préparation et le semis

Une parcelle, ce n’est pas une page blanche : elle a des caractéristiques préexistantes qui varient en fonction des cultures précédentes, des conditions climatiques et géologiques. Avant même de semer, ces caractéristiques donnent du travail à l’agriculteur : il s’agit de choisir quelle variété de tournesol est la plus adaptée et de préparer la parcelle pour que les graines aient lesmeilleures conditions pour se développer.

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Comment choisir la bonne variété de tournesol ?

• D’abord, il faut savoir ce que l’on veut produire : il existe des tournesols oléiques (riche en huile et acide gras mono-insaturés) et des tournesols linoléiques (riche en oméga 3).

• Suivant la présence de certaines adventices

« difficiles », les exploitants peuvent faire le choix de prendre une variété résistante aux désherbants qui permettra de pouvoir traiter la parcelle sans avoir d’effet sur le tournesol.

• Les conditions de la parcelle : est-ce que le climat permet d’envisager une variété précoce ? Est-ce que certains parasites ou maladies sont identifiés dans le secteur et nécessiteraient le choix d’une variété résistante ?

• Pour aider dans le choix d’une variété la mieux adaptée, il existe des outils d’aide à la décision qui permettent de comparer les caractéristiques des différentes semences

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Comment préparer le sol au semis ?

• Avant de semer, il faut préparer un lit douillet pour la graine qui permettra aux racines du tournesol de s’implanter correctement et profondément. Pour cela, les agriculteurs s’y prennent à l’avance et adoptent différentes méthodes en fonction de leur itinéraire technique et du sol de leur parcelle :

  • Le labour permet de travailler profondément, il est fait avec une laboureuse et retourne la terre sur une trentaine de centimètres.
  • Le déchaumage permet de travailler sur une vingtaine de centimètres, il permet d’enfouir les résidus des cultures précédentes (pailles et chaumes).



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Comment semer le tournesol ?

• Pour semer, l’agriculteur attend que les conditions météorologiques soient réunies : un sol ressuyé et suffisamment chaud (plus de 8°C). Si les graines sont plantées trop tôt, la plante risque d’être exposée aux gelées et ses feuilles pourraient nécroser.

• Dans les zones aux climats plus doux, il est possible de semer de manière précoce ce qui permet de décaler la floraison vers une période où le stress hydrique est moins important.

• Pour avoir un rendement idéal, l’exploitant cherche à avoir une densité de plantes entre 50 et 60 000 individus par ha, pour cela, il va semer entre 65 000 et 75 000 graines par ha.

• Pour semer, l’agriculteur utilise un semoir, il en existe plusieurs modèles avec des caractéristiques différentes (voir articles réseaux sociaux). Suivant les caractéristiques de la parcelle, il faut régler la profondeur à laquelle la graine sera enfouie ainsi que l’espacement entre les plantes.



L'entretien et la surveillance

Une fois les graines plantées, le travail ne s’arrête pas pour l’agriculteur : il doit s’assurer que la plante ait les meilleures conditions possibles pour grandir et la protéger des ravageurs ou maladie éventuelles. Pour cela, l’exploitant doit observer l’état de sa parcelle et s’informer des conditions sanitaires et météorologiques à venir : ce travail permet de pouvoir prendre des mesures préventives et donc de limiter les risques et les dégâts. De quoi l’agriculteur doit-il protéger ses plantes et comment ?

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Protection contre les ravageurs

• Le tournesol est vulnérable pendant les tous premiers stades de sa croissance (de la graine aux premières feuilles). Les attaques peuvent entraîner la mort de la plante et une baisse importante du rendement. Les principaux ravageurs du tournesol sont les limaces, les oiseaux (pigeons et corvidés) et la larve de taupin.

• Les limaces se nourrissent des premières feuilles sur les jeunes pousses. Pour prévenir leur présence, l’agriculteur prépare le sol en enfouissant les résidus organiques (tiges, feuilles,…). Il peut aussi utiliser des anti-limaces qui seront appliqués dès le semis ou plus tard si une attaque est redoutée.

• Pour limiter les dégâts des oiseaux qui mangent les feuilles et les graines, il existe des systèmes d’effarouchement (c’est le principe de l’épouvantail !) : l’exploitant peut installer à plusieurs endroits de son champ des cerfs-volants qui imitent la présence de rapaces. Il existe aussi des systèmes sonores.

• Enfin, pour le taupin, la prévention est une notion clef : les larves de taupins peuvent rester jusqu’à quatre ans sous terre ! Il faut donc éviter de semer du tournesol en cas de présence trop importante ou de manière trop régulière. Il est possible de procéder à un semis tardif, après la période de ponte des taupins et après un travail profond du sol pour limiter la population de ce ravageur.

• Dans tous les cas, un moyen de prévention efficace est de favoriser la levée rapide du tournesol en attendant des conditions météorologiques et hydriques favorables et en préparant le sol pour faciliter l’implantation de la plante.

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Protection contre les carences en éléments minéraux

• Pour se développer au maximum de son potentiel, il est important que le tournesol ne manque pas de nourriture ! Les trois principaux éléments déterminant la fertilité d’un sol sont le phosphore (P), le potassium (K) et l’azote (N).

• Le tournesol est une plante peu gourmande en phosphore et potassium, suivant les analyses faites dans le sol et les plantes précédemment cultivées, le sol est généralement en mesure de subvenir naturellement aux besoins de la plante.

• Pour l’azote, c’est un peu plus compliqué : le tournesol a des besoins modérés et est capable de l’extraire dans le sol, mais s’il en manque les pertes de rendement sont rapidement significatives. Là encore, suivant les analyses de sols et les reliquats de la culture précédente, l’agriculteur détermine si un apport est nécessaire.

• L’apport d’azote peut se faire sous plusieurs formes : du lisier enfouis dans le sol ou des engrais solides comme l’ammoniaque épandue quand la plante a entre 6 et 14 feuilles.

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Lutter contre les adventices

• Pour éviter une contamination des récoltes et une concurrence entre les cultures et les adventices, il est important de limiter au maximum la présence de plantes non-désirables

• Là encore, la lutte passe par une phase de prévention et de raisonnement du système agricole : en travaillant correctement le sol, en réalisant des faux-semis ou en alternants des plantes d’hiver et de printemps etc

• Pendant la culture, l’agriculteur surveille sa parcelle, en cas de présence d’adventice, il peut prendre des mesures de lutte mécanique (arrachage, binage, …) ou chimique (désherbant).

• Les principales adventices que l’on retrouve en tournesol sont : le chardon, l’ambroisie, le tournesol sauvage et l’orobanche.

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Protection contre le stress hydrique

• Le tournesol est une plante dont les besoins en eau sont modérés et qui résiste bien au stress hydrique : pour atteindre un rendement maximum, la plante n’a besoin que de 75% de son besoin en eau.


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Protection contre les maladies

• La protection contre les maladies se fait par la prévention : en raisonnant les rotations pour éviter un précédent qui pourrait attirer les pathogènes sur la parcelle, ou en choisissant des variétés résistantes.


La récolte

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Comment savoir quand récolter ?

• Avant de le récolter, l’agriculteur s’assure que la majorité de la parcelle a atteint un stade optimal : idéalement, il faut que les grains soient entre 9 et 8% d’humidité. Récolté trop tôt et les coûts de séchages pour la conservation seront plus important et la quantité d’impuretés plus grande. Récolté trop tard et les risques de pertes sont importants : prédation des oiseaux, égrainage par le vent, maladies etc

• Pour savoir si le tournesol est prêt pour la récolte, l’agriculteur observe sa parcelle et les changements au niveau des plantes :

  1. La tige passe du vert au beige clair
  2. Le dos de la fleur (le capitule) bruni
  3. Les feuilles meurent
  4. Les graines se détachent facilement

• Lorsque la majorité du champ à cette apparence, l’agriculteur récolte un échantillon pour pouvoir tester son taux d’humidité.

• Suivant les conditions météorologiques, l’exploitant peut faire le choix d’une récolte un peu plus précoce pour éviter des pertes plus importantes de qualité ou de quantité à cause d’orages, pluie ou maladies.


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Comment récolter le tournesol ?

• Lorsque les graines sont suffisamment sèches, il est temps de se lancer dans la récolte.

Suivant les conditions, la fenêtre d’action peut-être relativement courte et obliger l’agriculteur à travailler de nuit.

• Comme pour les céréales, la récolte se fait à la moissonneuse batteuse : les réglages sont changés pour s’adapter à la plante, mais le principe reste le même :

  1. La plante est coupée grâce au lamier et au rabatteur à l’avant de la machine
  2. Elle passe ensuite par le battage où les graines sont extraites du capitule
  3. Elle passe ensuite par un séparateur et une table de tri qui vont finir de séparer les grains du reste de la plante et enlever le plus possible d’impuretés
  4. Les débris végétaux sont rejetés sur la parcelle, alors que les graines sont stockées.




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Comment conserver la récolte ?

• Une fois le tournesol moissonné, l’agriculteur apporte sa remorque à la coopérative où la récolte est pesée et sa qualité évaluée. Les graines sont nettoyées, si besoin séchées et stockées en silo.

• Pendant leur séjour en silo, les graines sont conservées grâce à une ventilation qui permet de maintenir une température suffisamment basse et d’éviter l’accumulation d’humidité.

Et après ?

Pour le tournesol, la suite c’est la transformation : huile pour la consommation humaine, tourteaux pour l’alimentation animale, biocarburants etc.

Et pour l’agriculteur, le travail continue : préparation de la parcelle pour la prochaine culture, couvert végétaux pour l’hiver etc.